mardi 13 avril 2010

Sacrée cuisine


La semaine dernière, la Torah nous donnait les lois essentielles de l’alimentation Casher, en distinguant les animaux autorisés de ceux qui ne le sont pas.

Mais le plus surprenant est de l’avoir fait dans une Paracha qui semble indiquer tout, sauf un rapport à la cuisine. En effet, cette Paracha s’intitule Chemini « le huitième jour ». Il s’agit certainement d’une journée marquante dans l’histoire du peuple juif, puisqu’elle est celle de l’inauguration de la présence Divine dans le Sanctuaire du désert, cette même présence qui honorera le Temple de Jérusalem plus tard.

Quel lien existe-t-il entre la notion de Divinité révélée et celle d’alimentation ?

Et si ce passage n’était autre que l’itinéraire d’une quête Divine ?

Le Temple se veut sans doute le lieu par excellence de la révélation. Mais comment chacun, en tant qu’individu, peut-il espérer un jour toucher ou apercevoir une partie de cette dimension ? Quel est le chemin qui mène vers cette spiritualité ?

La tentative échouée des deux enfants d’Aaron – le grand prêtre - est très significative. Ils voulurent se rapprocher de D.ieu, mais en renonçant à leur particularité, en s’annihilant totalement. Ils ont trouvé pour cela le lieu le plus sacré possible en l’endroit du Saint des Saints, là où trônait l’Arche Sainte. Mais leur mort subite était bien le signe qu’une telle offrande n’était pas de nature à pouvoir élever le réalisme physique de ce monde, puisqu’il n’était pas de la partie. Et par conséquent, l’objectif primaire, à savoir élever l’homme dans son ensemble, venait à manquer.

Ce à quoi la Torah a trouvé la parade : les lois alimentaires ! Elles sont par définition d’ordre Divin, sans raisons apparentes et leur contenu est résolument physique. Le lien entre le corps et le divin est tout trouvé.

Parce qu’il n’est pas possible de prétendre appartenir à la famille des côtoyeurs du divin en s’enfermant dans le Saint des Saints, aussi sacré soit-il ! Pour se rapprocher de D.ieu, il nous faut nous alimenter au quotidien – dans tous les sens du terme - selon une hygiène bien précise qui nous permet de discerner le bon du mauvais, ce qui a le droit de se trouver autour de nous et de se retrouver dans nos assiettes, face à ce qui doit être laissé de côté.

Alors si vous pensiez que pour trouver D.ieu, il fallait Le chercher à la synagogue, désormais, vous savez qu’il vaut mieux Le chercher à la cuisine...