lundi 22 mars 2010

Des preuves d’amour !


Le livre de la Torah que nous lisons en ce moment, intitulé « Lévitique ou livre des sacrifices » comporte une anomalie de taille. Il ne mentionne nulle part la raison et la nature du sacrifice, laissant le soin aux commentateurs du Moyen-Âge de se confronter pour atteindre l’esprit profond de ce rite, essentiel dans la maison Divine qu’était le Temple.

Mais pourquoi ce livre n’a-t-il donc pas fait l’objet d’une brève introduction afin de définir son utilité ?

Analysons un instant le premier verset du Lévitique : « Il appela Moïse et D.ieu lui parla depuis la Tente d’assignation en disant… ».

L’illustre commentateur Rachi s’interroge sur la nécessité des premiers mots : « Il appela Moïse » qui a priori, sont superflus. Il en donne la raison suivante: ici c’est la nature de la relation entre D.ieu et Moïse qui est accentuée, ce n’est pas d’un appel anodin de D.ieu pour S’annoncer et introduire une conversation dont il s’agit, mais bien d’une forme d’affection et de tendresse envers Moïse que la Torah veut souligner.

Et cette formule conditionne le sens profond du sacrifice, le terme « Korban » en hébreu qui étymologiquement, provient du mot « Kirouv » qui signifie rapprochement. Parce que le « Korban » n’est pas un sacrifice animal offert par l’homme pour D.ieu. A-t-Il – objectivement - besoin de l’incinération animale pour Se nourrir ? Cette raison écorche sensiblement la notion du Divin.

Le « Korban », c’est le résultat d’une histoire d’amour dont le prélude s’exprima par la relation affectueuse de D.ieu envers Moïse. Elle eut pour effet de faire naître chez Moïse et par son intermédiaire chez l’homme, une volonté et une passion ardente de manifester son sentiment par une action, de traduire un élan sentimental par un geste physique. En somme, le sacrifice est le fruit de l’amour, parce qu’il n’y a pas d’histoire d’amour sans sacrifice et le sacrifice n’atteint son sens profond que lorsqu’il est motivé par un amour sincère.

C’est ainsi que la Torah choisit de ne pas nous dire explicitement la raison du sacrifice. Le sacrifice n’étant que la conséquence d’une relation tendre et profonde entre D.ieu et l’homme, il n’a pas besoin de légende ni d’introduction définissant sa nature. Tel un présent offert à un être cher, il ne nécessite pas de dissertation sur sa motivation, étant lui-même l’expression et la mise en œuvre du sentiment ressenti.

Cet idéal nous invite à revisiter notre notion du sacrifice, aussi bien dans notre vie quotidienne que dans notre vie spirituelle.