lundi 15 mars 2010

C’est quoi la Hala’ha ?


Les idées circulent en faisant des vagues sans pour autant discerner le vrai et le faux. L’archétype en est le sens de la Hala’ha (la loi juive) définie par le mouvement libéral comme un processus évolutif, en ajoutant qu’elle doit être adaptée à la modernité et répondre aux questions qui n’existaient pas à l’époque talmudique.

Il serait rigoureux de distinguer la nécessité de la loi à répondre aux questions modernes et le fait que ses principes soient évolutifs.

Ce serait comme déclarer à présent, que les lois universelles de la gravitation établies par Isaac Newton en 1665 ne sont pas tout à fait exactes du fait que depuis le 9 octobre 1890, on a réussi à faire voler un objet plus lourd que l’air.
Les lois sont intactes mais la modernité permet dans le cadre de cette loi de prendre l’avion…

Appliqué à la Hala’ha, c’est comme affirmer que puisque l’électricité n’existait pas à l’époque talmudique, elle n’a forcément rien à dire dessus.

A vrai dire, ce qui est le moins acceptable dans ce raisonnement, c’est la conception même de la Hala’ha, établie ici comme un processus évolutif de par son sens étymologique - qui voudrait dire « avancement ».

Mais cette conception n’est pas fidèle, aussi bien du point de vue linguistique qu’historique.
Linguistiquement parlant, le mot Hala’ha est un substantif du verbe marcher. C’est donc une voie, un chemin, une marche à suivre. Et non pas comme certains veulent nous faire croire, qu’il s’agit du verbe avancer, donc d’une démarche qui sous-entendrait un mouvement qui conduit à des conclusions évolutives.

Ce qui confirme ces propos, c’est justement l’aspect historique du verbe « Hala’ha ». En effet, il n’apparaît qu’à la rédaction du Talmud entre le 4ème et le 5ème siècle et il est défini dans le Talmud comme la fin de la discussion, tel un raisonnement dont le cheminement est abouti et qui se conclut par l’énonciation d’une loi, refermant de ce fait la discussion et encadrant son application.

Le rôle des législateurs modernes, les Posskim, est justement d’approuver les champs d’application de la loi et leur compatibilité aux problématiques modernes. Ce qui est un exercice d’une richesse spectaculaire.

Ce manquement à l’exactitude du terme de Hala’ha professé par le mouvement libéral me fait penser à une époque où certains rabbins – même orthodoxes – avaient autorisé l’utilisation de l’électricité le Chabbat. Un rabbin New-Yorkais s’était alors exprimé en ces termes : « Il existe deux types de rabbins qui permettent l’électricité le Chabbat - ceux qui connaissent les lois de Chabbat mais n’ont aucun savoir en électricité ; les autres sont des experts en électricité mais ignorent les fondements des lois de Chabbat. » Ce même rabbin qui connaissait l’électricité – puisqu’il avait étudié les sciences dans les plus grandes universités et pouvait se targuer de connaître les lois de Chabbat, affirma que les deux étaient incompatibles.

Il semblerait que chez les libéraux, un des deux domaines ne soit pas leur point fort… Lequel ?