mercredi 11 mars 2009

Des chiffres


Depuis une semaine la presse nationale se penche sur la question de l’assimilation. Vendredi dernier le Figaro, dans un article intitulé « Les juifs redoutent leur extinction à terme », démontrait les inquiétudes de la communauté. Dans son édition d’aujourd’hui, c’est au tour du Monde de se pencher sur le sujet, sous le titre : « A Bry-sur-Marne, le rabbin loubavitch en quête de nouveaux croyants ». Non, ce n’était pas une blague de Pourim !

Le phénomène de l’assimilation est simple. Pour un groupe de 100 juifs au départ, des chercheurs ont montré qu’il resterait 3 après quatre générations dans les milieux laïcs. Il en resterait 13 chez les libéraux, 24 chez les conservateurs, 346 chez les modernes-orthodoxes, 2 857 chez les religieux. Mais ceux-ci représentent une très faible proportion de la communauté ! Extinction, donc, de la communauté d'un côté, expansion de l'autre. Avec des clés chiffrées : le taux de fécondité d'une femme du milieu religieux est de 6,9 ; celui d’une femme appartenant au milieu juif laïc est de 1,2. Quant aux mariages mixtes, ils sont de 72 % chez les juifs laïcs et de moins de 1 % chez les juifs religieux.

Le résultat de ces recherches a été présenté la semaine dernière à Paris, lors d’un congrès de Rabbins, par l’ancien grand Rabbin d’Israël et actuel président du mémorial Yad Vashem, Meir Lau.

Le rabbin Farhi, du Mouvement juif libéral de Paris, a tenté de lui répondre en pondérant non pas les chiffres mais les conclusions. Il a fait remarquer que le judaïsme doit s’ouvrir, y compris sa branche orthodoxe, et noté, pour conclure, que si les écoles juives sont pleines, c’est que ces chiffres sont à prendre avec précaution.

Je sais, monsieur Farhi, ces chiffres sont très difficiles pour un responsable comme vous. Votre arrière petit fils risque de se retrouver avec au mieux 10 % du nombre de vos fidèles et au pire 3 %. Oui je sais, il y aura toujours des nouvelles têtes, mais ce n’est tout de même pas rigolo de se dire que le businesse modèle libéral n’est pas pérenne. Les libéraux seront-il en crise : non pas une crise là tout de suite, avec des très fortes baisse de fréquentation etc…, mais une baisse démographique de long terme.

D’ailleurs, en prônant l’ouverture et la souplesse, vous imaginez accepter tout ceux qui se considèrent comme juifs dans votre communauté. Mais ces personnes auront tellement peu à transmettre à la génération future que celle-ci risque de perdre son intérêt pour la religion et du coup se perdre… La démarche me semble tellement « court termiste » que je me m’interroge sur son utilité.

Je ne considère pas que la seule famille légitime soit la branche la plus dure du judaïsme. Mais si tout le monde est gentil, tout le monde il est beau, et donc tout le monde peu rentrer dans la famille sans en accepter toute les contraintes et les implications (du moins les plus importantes) quelle est donc alors cette identification avec la famille ?

Mon père me disait déjà qu’il ne s’appelait pas Rothshild. J’ai voulu insister, rentrer dans leur famille pour toucher éventuellement une part du patrimoine : je leur ai expliqué que je partageais les mêmes valeurs et les même idéaux qu’eux... Malheureusement, pour des raisons dont vous vous doutez, ça n’a pas marché. Et je n’ai rien touché…

Pourquoi en serait-il autrement pour la religion ?

Photo:© Punit Paranjpe / Reuters. www.lemonde.fr

2 commentaires:

Sam a dit…

Excellent article mendel, j'apprécie bcp ce discours franc je peux dire OUF! ENFIN! voilà un rav comme il doit être et qui sait proteger notre yahadout.
Malheureusement cher Rav Semama, même au sein de notre propre consistoire des "infiltrés" pratiquent ces "ouvertures" (cf fhari), prenez l'exemple de l'aumonier consitorial Corsia qui a assisté à l'office religieux chrétien à Leur Dame cette semaine.

PS: ne pensez vous pas qu'une telle personne dépendant de l'autorité consistoriale ne profite d'une "ouverture" provenant de plus haut (Bernheim), comment cela pourrait t-il être différent quand on sait qu'il est formellement Assour de rentrer dans une église (a contrario d'une mosquée).
(au passage, excellente prestation chez les GG à RMC)

Merci Rav Semama de bien vouloir me répondre.

mendelsamama a dit…

Merci pour vos compliments.
Mais je risque de vous décevoir, je ne pense pas que votre terme "infiltré" soit juste. Loin de moi de penser cela de nos Rabbin Korsia ou Brnheim.

Je ne pense pas que de rentrer dans une église trouve sa raison dans une volonté d'ouverture outrageuse mais plus d'une contrainte à laquelle il est très difficile d'y échapper.

Je ne partage peut-être pas son choix (c'est possible?!) mais je ne le critique pas sur ce point si délicat.

Je vous remercie pour votre commentaire et je vous invite à poursuivre le dialogue. (voir mon profil Facebook)

A bientôt