mardi 22 décembre 2009

Regarde moi dans les yeux…


Pourquoi je suis contre le port de la Burqa ?
Ne vous y méprenez pas, je ne vous raconterai pas que je suis contre ce voile, pour des raisons de religion ou d’intégration voire même d’atteinte à l’égalité. Ce domaine je le laisse aujourd’hui au législateur, qui se réservera le droit ou pas de le permettre, et ce, pour les raisons qu’il souhaite.

En revanche, il y a dans le port de cet habit quelque chose qui, de mon point de vue, est terriblement dégradant dans la façon dont on envisage notre relation avec autrui.

En effet, la Torah nous explique que lorsque D.ieu a voulu créer l’homme, Il proposa de le faire à Son image, et c’est ce qu’Il fit. Le visage constitue donc un des éléments essentiels de cette image du Divin. Et c’est celle-ci qui nous sert d’émetteur et de récepteur lorsque nous cherchons à rentrer en contact avec autrui. Grâce à nos sens nous pouvons écouter, parler, regarder, porter notre attention, sentir, ressentir et intégrer ce que l’autre veut nous dire.

« Regarde moi quand je te parle ! » voilà une phrase que nous connaissons tous, parce que ne pas regarder une personne s’adressant à nous c’est lui faire offense. Quand nous marchons sur un trottoir et qu’en face se dirige vers nous une autre personne, le simple fait de se regarder nous permet de décider, de façon instinctive, d’aller à droite ou à gauche pour ne pas se télescoper.

Mais quelle sera notre réaction si une personne ayant caché son visage se dirige vers nous ? Il ne nous reste plus qu’à se mettre de côté et patienter qu’elle choisisse seule son passage. Il manque là toute l’humanité que nous sommes en droit d’attendre de notre semblable. Parce que la communication la plus réduite, celle du regard est réduite à zéro, nous restons de côté à attendre que ça se passe. On nous prive d’être considéré comme des humains avec la possibilité de choisir notre voie, exerçant ce droit par une approbation du regard.

Ne pas offrir son visage à l’autre, c’est le priver de son humanité la plus naturelle, telle une personne qui vous tourne le dos en vous parlant.

N’est-ce pas là un manque de reconnaissance envers notre créateur, que de manquer à la règle la plus élémentaire en communicant avec nos semblables quand nous sommes en société ?

Ce manque de considération à notre égard est certainement la raison de cette privation du regard, et c’est peut être cela le plus inquiétant.

vendredi 18 décembre 2009

Un message pour mon Chamach !


Ce soir nous allumerons avant Chabbat la première bougie de ‘Hanouccah. Hé oui c’est parti pour 8 jours, et quotidiennement on ajoutera une bougie, comme quoi dans la vie il faut toujours en faire plus, on est jamais satisfait ce qu’on a déjà réalisé.

Mais aviez vous remarqué une chose sur votre chandelier de ‘Hanouccah ? Ce soir moi comme tout le monde j’allumerai une bougie et pourtant sur mon chandelier il y aura deux bougies… Ha ! Chez vous aussi c’est comme ça ? Vous êtes certain que vous n’avez pas fait une erreur ?

Non c’est vrai, l’autre bougie, c’est le Chamach. Elle ne compte pas parmi les bougies de ‘Hanouccah, elle sert uniquement à allumer les autres. Quelle discrimination, franchement, voilà une bougie qui est là tous les jours, fidèle au poste, qui ne faillit jamais à sa tâche et plutôt que de lui donner un peu de considération et lui dire que nous sommes là, qu’elle est là et qu’elle compte beaucoup pour nous… enfin quelques mots pour lui donner de l’importance et la rassurer. Non ! Elle ne compte pas. Même mon fils de quatre ans sait que le Chamach ça ne compte pas !

N’avez vous jamais ressenti cette sensation ? Vous vous mettez en quatre pour les autres, vous êtes fidèle au poste, serviable, vous donnez de votre personne, vous n’avez jamais déçu dans vos fonctions, et aucune considération… Ni le Rabbin, ni votre entourage, ni votre patron ne reconnaît vos talents, votre dévouement et votre fidélité.

Vous êtes le Chamach, vous êtes au service de…

Cela vous frustre ? ça vous donne un goût amer ? Vous vous sentez privé d’une reconnaissance ?

Ne soyez pas comme ça, parce que dans la vie ceux qui allument savent très bien qu’il est impossible d’allumer quoi que ce soit sans vous, on ne pourra jamais se passer d’un Chamach, d’un fidèle au poste, parce que sans vous rien n’est possible et avec vous tout s’illumine. Ha mais vous ne comptez pas ?

Regardez la place que vous avez, seul le chandelier vous reconnaît vraiment, il ne vous a pas placé avec les autres bougies, il vous a donné une place à part, un peu plus haute ou un peu plus basse que les autres. Vous appartenez à une catégorie à part.

Pas assez convaincu ? Dites vous aussi que vous avez la garantie d’être là tous les jours dans la photo. Alors que d’autres doivent attendre quelques jours, le temps que leur jour arrive.

Mais au fait, depuis quand vous vous souciez de votre égo ? Vous….

A ce soir mon Chamach!

mardi 8 décembre 2009

La Bible : un récit romanesque ?


La tentation est grande, et beaucoup n’y résiste pas. La Bible nous donne, en effet, tous les éléments croustillants d’un bon récit romanesque, et les rôles sont distribués à la perfection.

Avraham le bon, le gentil à l’âme charitable qui donne à manger aux bédouins. Son fils Yits’hak qui ne choisit pas la voie de son père, de caractère renfermé s’en donnant à la rigueur de ses actes et l’enfermement de ses sentiments pour y trouver un refuge paisible et rassurant. Pour enfin avoir le petit fils Yaakov, le simple, le second de la famille, malaimé de son père qui se voit obliger de ruser pour arriver à ses fins.

La génération psychologie dans laquelle chaque fait et geste sont analysés par une enfance heureuse ou malheureuse, donnant des explications aux outrances des uns et des justifications aux violences des autres, nous ne sommes plus que des robots obéissants aux sentiments et à l’héritage sociologique de la société ; tout en faisant de nous des êtres irresponsables et incapables de se sortir de la spirale dans laquelle nos psychanalyses nous ont enfermés.

Alors l’extrapolation avec nos patriarches coule de source. Et pourquoi ne pas les allonger sur le divan de Freud afin de mieux comprendre la réaction d’Avraham face à la douleur de la circoncision ou celle d’Yits’hak après avoir perdu sa mère alors qu’il était encore célibataire, et puisque nous y sommes, parlons un peu de la rivalité des deux frères Yaakov et Essav et du traumatisme qu’a subi Yaakov et de ses motivations pour ravir le droit d’ainesse à son frère.

Dans la tentative fantasmatique biblico-romanesque certains ont transformé les Patriarches en personnage biblique.

Or le mot « Personnage » provient du mot « Phersu » désignant un masque que portaient les comédiens au théâtre. Jouer un rôle est la véritable signification du terme.

La frontière entre l’étude animée par la recherche de la signification des actions et de la vie de nos patriarches, et celle de l’analyse de leurs caractères par leurs actes, est une frontière dont le basculement s’opère en douceur et en toute bonne conscience.
Mais quand l’un est dans l’élan de l’enseignement et la volonté d’y trouver une signification actuelle pour faire de la Torah un message vivant, l’autre est dans l’analyse et dans l’humanisation – au sens le plus bas du terme – des fondateurs du peuple juif, les faisant jouer un rôle. Perdant au passage toute dimension supérieure et distinguée, digne des patriarches. Oubliant accessoirement que chacun de leurs faits et gestes étaient guidés et ordonnés par D.ieu.

N’est-ce pas là une violence faite à la Torah que de l’interpréter de la sorte ? Il va sans dire que cela est le reflet d’une connaissance très superficielle et factice des livres sacrés.

S’éloigner de cette tendance ravageuse est une obligation pour aborder sainement l’étude de la Torah.

mercredi 2 décembre 2009

Comment embrasser l’adversité ?


Après des années de haine, la rencontre entre les deux frères va avoir lieu. Yaakov qui a prospéré toute en restant fidèle à ses valeurs et à son éthique va se confronter à son frère Essav qui cherche à le tuer depuis vingt ans. Accompagné de 400 hommes Essav ne compte en faire qu’une bouchée de son frère, l’éliminer n’est pour lui qu’une histoire d’heure.

Mais Yaakov se prépare à cette confrontation, par la prière, par la guerre et également par la diplomatie en offrant à son frère ce qui se fait de mieux en matière de luxe.

Les minutes rapprochent les deux camps, mais alors que tout le monde s’attend à l’éclatement des hostilités voilà que Essav et Yaakov tombent dans les bras l’un de l’autre et s’embrassent.

La question est posée : Essav qui était là pour anéantir son frère, était-il sincère ?
A cela, l’un des plus grands sages de l’époque Talmudique, Rabbi Chimon Bar Yo’hay, explique qu’il ne faut pas se leurrer, car la haine d’Essav est un principe et un postulat irréfutable, mais temporairement Yaakov a réussi à attendrir le cœur de son frère et cette embrassade fut sincère.

Derrière cet épisode se cache en réalité toute la question de la façon dont nous devons aborder la dualité et l’opposition à ce qui est considéré comme valeureux et positif. Cette dualité peut même se rapprocher de l’homme pour devenir une duplicité intérieure, parce que l’être est capable de se perdre et de se dissimuler derrière un caractère comportemental qui diffère de ses convictions profondes.

Comment doit-on aborder cette discordance intérieure ? Cette dualité des forces ? Cette hostilité ?

Intervient alors Rachbi pour nous confirmer que cela n’est pas une illusion, la question de l’opposition et du conflit des valeurs, est bien un principe de vie. Pour autant avons nous le droit de mépriser le combat ? La rébellion a-t-elle le droit uniquement à notre indifférence ?

La réponse est non ! Vient le moment où la possibilité nous est donnée de l’embrasser, non pas dans le but d’adhérer à ses principes de vie mais bien dans celui d’éveiller en l’adversité sa parcelle d’humanité et de sincérité. Notre travail et nos efforts de sensibilisation, nous donnent l’espoir de faire surgir en toute force contraire l’attendrissement de son cœur qui l’éloignera de la brutalité de ses mœurs.

Certes cela n’est que temporaire, la sincérité n’y est pas vraiment et la pérennité non plus, mais ne perdons pas l’objectif de vue « la rencontre des deux forces », et il s’agit là de savoir tirer partie d’une situation qui s’annonçait conflictuelle et violente pour en fin de compte faire apparaître l’humanité indéniable mais parfois ô combien étouffée dans l’étranglement de l’âme.

Gardons espoir au rebond de conscience, c’est certainement là que s’exprime au mieux la délicatesse de l’âme.

mercredi 18 novembre 2009

Nous sommes tous des fleuristes


Après avoir assisté au congrès annuel des émissaires du Rabbi de Loubavitch à New York, en présence de près de 4000 collègues venus du monde entier il m’est difficile de faire une synthèse de ces cinq derniers jours en quelques lignes. A ma descente d’avion je me suis demandé quel point m’avait le plus marqué. Alors permettez-moi juste de partager avec vous un morceau de ce que j’ai vu et entendu.

Un soir d’hiver en 1950 les rues de Brooklyn à New York enneigées et glissantes n’était autre que le reflet d’un judaïsme refroidi et recouvert par le malheur et la douleur. Mais ce soir là un homme marcha dans ces rues et décida que la vision calamiteuse du monde et dont son peuple a le plus souffert, doit être transformée en chance et en opportunité pour regarder le monde qui nous entoure avec d’autres yeux.

Ce soir là il devint le Rabbi de Loubavitch et son premier discours fut : « Je suis venu dans Mon jardin » Oui le monde n’est plus l’enfer et le brasier de la brutalité des hommes ayant perdu leur humanité. Dorénavant, le monde est un jardin, un verger dans lequel nous ait donné la possibilité de planter, de cultiver et de récolter ce que l’homme à de meilleur en lui.

La révolution est en route. Ce Rabbi avec sa vision singulière du monde, a transmis cet amour pour le jardinage du genre humain à toute une génération, qui l’incarnera par leur volonté de cultiver autour d’eux des coins d’humanité, se donnant les moyens de faire pousser la fleur de l’âme qui éclore en nous.

J’ai d’ailleurs entendu de la bouche d’un trésorier de centre Loubavitch qui accompagnait son Rabbin, l’histoire suivante : A la sortie de la synagogue un samedi matin, l’homme demandait à son Rabbin pourquoi ne s’était-il pas occupé du débroussaillage de l’espace vert ? La situation perdait son esthétisme, certes, mais le ton avec lequel il s’adressait à son Rabbin était quelque peu agressif.

Arrive à la maison, la fille du trésorier qui avait assisté à la scène, demande à sa maman pourquoi papa a-t-il parlé durement au Rabbin.
La maman demanda à sa fille : « As-tu vu les mauvaises herbes qui tombent autour de la synagogue ? »
- Oui maman, répondit la fille.
- Et les bois morts qui tombent tu les as vus aussi ?
- Oui maman, répondit encore la fille.
- Tu vois ma fille, ce qui se passe ici c’est que notre Rabbin lui, ne voit que les fleurs !

En fait, nous sommes tous des fleuristes !

lundi 9 novembre 2009

Voyeurisme

Tout le monde connaît l’épisode la portion de la Torah relatant la destruction des villes de Sodome et Gomorrhe. Mais un détail m’a particulièrement interpellé… Lorsque l’ange est venu sauver le neveu d’Avraham, Loth, avec sa femme et leurs enfants, il leur donna pour dernière instruction très importante : « ne te retourne pas, de risque que tu sois également emporté par la destruction ». Et la Torah nous raconte que l’épouse de Loth s’est retournée et qu’elle fut donc transformée en statue de sel.

Et pourtant Avraham, lui, a bien regardé ce qu’il se passait pendant la destruction de ces villes, puisque que la Torah mentionne justement qu’ « il regardait sur la plaine et observait les villes monter en fumée ». Je me permets de poser la question : pourquoi Avraham a-t-il eu le droit de regarder, mais pas Loth ni sa famille ?

En fait, la Torah veut nous donner ici une règle de vie, concernant la douleur et le malheur des autres.

Combien d’individus peuvent passer devant des personnes affligées de chagrin sans réagir ? Pas plus tard qu’hier matin, sur mon chemin du retour de la radio vers la maison, une dame fut prise d’un malaise en plein milieu de la route, assise par terre, la tête entre ses mains… Pendant ce temps, les gens passaient devant elle dans l’indifférence la plus totale, sans que quiconque ne dise ni ne fasse quoi que ce soit ! Ils voyaient pourtant bien la souffrance de cette femme, mais ne s’arrêtaient pas pour autant pour tenter de lui prêter assistance.

Certains diront qu’ils n’ont rien vu… d’autres qu’ils n’avaient pas le temps… d’autres encore pensaient sûrement que ce n’était pas grave. Et pourtant, il n’y eut pas une parole à son égard, aucune proposition d’appel à l’aide pour elle, ni un regard de complaisance. Sauf le regard de voyeur, celui du passant qui observe juste d’un seul œil la souffrance de l’autre sans se sentir concerné et sans se donner le courage d’ouvrir le deuxième œil, qui l’obligerait à s’impliquer et à apporter son aide.
Non, lui préfère contempler d’un seul œil, en feignant l’ignorance. Quelle lâcheté, quel mépris pour autrui et pour la société qui nous entoure ? C’est bien vrai, j’en suis encore révolté !

L'indécence de cette indifférence n’est-elle pas assimilée à une statue de sel ? Statue sans vie, symbole de désolation ? En dédaignant la société qui l’entourait par un simple mouvement de tête en arrière, en regardant la souffrance et la destruction avec l’œil du voyeur, l’épouse de Loth a témoigné ici de son insensibilité. Elle qui voulait satisfaire son besoin personnel par le regard, ne sera même plus l’objet d’un regard ! Car la statue de sel manque d’esthétique pour susciter le moindre intérêt pour une société fascinée par le voyeurisme.

En revanche, Avraham a prié et demandé le pardon en faveur de Sodome et Gomorrhe ; il a regardé ces villes monter en fumée, mais encore une fois, en se mettant face à elles et en scrutant avec les deux yeux. Ce signe d’intérêt montrait ainsi qu’il assumait une certaine part de responsabilité. Il a prouvé qu’il n’était pas question de voyeurisme mais plutôt de compassion d’un homme responsable envers ses pairs.

dimanche 27 septembre 2009

Le mystère de Kol Nidrei


Incontestablement, l’un des moments les plus solennels de Yom Kipour semble être le Kol Nidrei, au tout début de la fête. La tonalité unique de cette prière indique que Kipour est là et que le temps suspend son vol pour les prochaines vingt-quatre heures.

Dans l’imaginaire collectif, Kol Nidrei apparaît comme le paroxysme de la liturgie de Kipour, car je suppose que pour beaucoup, ce texte rappelle la grandeur de D.ieu ou Son amour pour Son peuple. Mais en réalité, le Kol Nidrei n’est rien de tout cela ; il s’agit plutôt d’une prière somme toute, conventionnelle, qui consiste à l’annulation des vœux. Voici d’ailleurs un aperçu des paroles prononcées : « les promesses, les vœux et les serments que j’ai faits, qu’ils soient annulés, comme s’ils étaient inexistants ».

Permettez-moi de soumettre une question : pourquoi tant de gravité pour ceci ?

Alors, je vais vous raconter une histoire… celle de chacun.

Le Talmud explique qu’avant de descendre sur cette terre, l’âme doit prêter le serment qui suit : « je serai un juste et non un impie ».

Après quelques années de vie et d’errance ici-bas, l’homme fait des vœux et se fait à lui-même des promesses, comme : « cette année je m’achète une voiture ; il faut que je réussisse telle affaire, etc. ». Il se met à avoir confiance en des valeurs étrangères à ses racines. Fidèle à ses nouveaux serments, il s’adonne aux tentations et aux sollicitations de la matière.

L’appel de la consommation et la vénération de l’éphémère ont occupé tant de la place durant toutes ces années, qu’il n’a pu remplir son vœu premier, celui d’être un juste.

C’est alors qu’arrive un moment unique dans l’année : celui où chacun retrouve sa véritable identité, porté par son âme, celle-la même qui avait juré « je serai un juste et non un impie». Cette âme vibrante et frémissante se demande ainsi où en est la réalisation de sa promesse ?

L’examen de conscience commence et notre sens moral nous rappelle qu’il semble y avoir une anomalie… Comment est-il possible d’accepter d’autres promesses envers le monde et sa matière, alors que l’âme s’était engagée en premier lieu à être un Tsadik – un juste.

Kipour s’ouvrant, l’homme dans sa sincérité et son honnêteté choisit de s’adresser à son Créateur en lui disant : « je sais que j’ai fauté par mes implications envers le monde, mais à partir d’aujourd’hui, j’annule ces vœux et je me tiendrai à la seule et unique promesse, la première, celle de mon âme ! ».

Kol Nidrei est donc une prière fondamentale pour ouvrir avec franchise la journée de Kipour, en toute humilité...

Bon Kipour

jeudi 24 septembre 2009

Les juifs de Kipour


Existe-t-il des Juifs de Kipour ?
La question n’est pas innocente, car à J-3 les places dans les synagogues se font rares et elles sont occupées, pour beaucoup, par des gens qui ne la fréquentent généralement qu’une fois par an, à Kipour.

Mais au fond, pourquoi Yom Kipour ? Pourquoi choisir ce jour pour visiter une synagogue… celui où il n’y a pas d’apéritif après l’office ? Celui où l’on passe son temps à prier ? Le caractère de grand pardon que revêt la journée suffit-il à expliquer le phénomène ?

A vrai dire, je ne le pense pas. Il y a forcément une racine profonde dans cette journée qui touche l’absolu de l’être et agit comme une force d’attraction interne, pour pousser tant d’individus à se rendre dans une synagogue ou pour jeûner. Mais quelle est cette force ?

La Torah nous raconte que le jour de Kipour, le Grand Prêtre devait rentrer dans l’endroit le plus saint au monde, là ou était entreposées les Tables de la Loi dans l’Arche Sainte : le Saint des Saints. Ainsi, l’homme le plus saint du peuple se rendait dans l’endroit le plus saint du monde, le jour le plus saint de l’année.

Chaque personne possède un endroit intouchable et inviolable, un noyau que même le plus grand pêché ne peut entacher ni affaiblir. Ce Saint des Saints chez l’homme n’est autre que l’âme - la Néchama.

Cette flamme qui vibre en nous brille à son apogée une fois par an, le jour de Kipour : elle se libère des contraintes matérielles pour s’élever au-delà des contingences de ce monde et des besoins du corps humain, pour éclairer de ses plus beaux rayons l’écrin qui la contient.
D’ailleurs, l’interdiction de se nourrir durant Yom Kipour n’est qu’une conséquence de cette élévation. Comme pour nous dire, qu’à présent affranchie du poids du corps, l’âme peut reprendre son envol, tel un ange de D-ieu.

Qu’y a-t-il de plus naturel pour un homme libéré du fardeau matériel, de se voir entraîné dans l’endroit le plus saint de la ville qu’est la synagogue ? Et c’est précisément parce qu’en ce jour, l’essence même de l’âme frémit, qu’aucune forme de séduction n’est nécessaire pour l’attirer vers sa source.

Les Juifs de Kipour n’existent donc pas. Non, il n’y a pas de Juifs de Kipour, il y a des Juifs qui, le jour de Kipour, ne résistent pas à l’appel du cœur. Il y a des Juifs qui n’ont pas eu l’opportunité de trouver cette élévation à d’autres moments de l’année, mais qui ne sont pas pour autant moins sensibles à la spiritualité qui sommeille en eux. Bien souvent, ils ne demandent qu’à retrouver un nouveau souffle afin que leur flamme puisse resplendir toute l’année.

Mes amis, soyez attentifs... Faites que cette année, Kipour ne soit pas un aboutissement, mais bien un nouveau départ, une nouvelle source d’énergie qui vous permettra de retrouver le chemin de l’harmonie entre votre âme et votre corps.
Bon Kipour

Voir également sur ce sujet dans le journal la croix

Kadhafi ne fait pas le poids devant un rabbin...

Bonjour,
Me voilà de retour sur mon blog.
Une petite vidéo pour commencer, car j'aime l'idée qu'un Rabbin fasse plier le dictateur Kadhafi...


mardi 21 juillet 2009

Objectif Lune


Je n’étais pas né il y a quarante ans, je ne peux que me fier aux images et aux divers reportages pour avoir conscience de l’événement que constitua le premier pas de l’homme sur la Lune.
Certains étaient allés chez leur voisin qui avait un téléviseur, d’autres l’avaient regardé dans un café, quelques parents avaient même réveillé leurs enfants au milieu de la nuit pour suivre en direct les images pour la postérité, des images en noir et blanc, souvent floues, avec un son d’une bien piètre qualité comparé aux technologies actuelles - et pourtant, lorsque Neil Armstrong a posé les pieds sur la Lune en clamant : « Un petit pas pour l’homme, un pas de géant pour l’humanité ! », le cœur de la planète a changé de rythme…

Son retour sur Terre fut digne d’un géant de ce monde avec des défilés et des fanfares, marquant certainement plus l’homme que l’humanité d’ailleurs... Pendant des mois, pas une journée ne passa sans interview dans la presse ou une énième invitation à des mondanités.

Mais quarante ans après, pour moi l’homme de bientôt 33 ans, ça change quoi ? La bannière étoilée flottant sur la Lune n’est pas visible de la Terre, la marque de ce passage n’a pas eu de conséquence directe sur mon existence, alors, peut-on pour autant résumer ces images à une simple curiosité historique dont la valeur ne saurait dépasser celle d’un match de football ?

En fait, j’y vois là un message direct sur ma vie.
Et si Apollo 11 n’était autre que la métaphore du voyage de l’âme ?
Houston, tu nous reçois ?

L’âme n’est pas vraiment dans son élément sur Terre et pourtant il va lui falloir y entreprendre un voyage et elle y est donc préparée. Le travail en apesanteur qui lui permettra de ne pas tomber à la première difficulté se révèle fort utile. La descente sur Terre n’est pas qu’une partie de plaisir, l’âme est chargée d’une mission. Tout a été répété et préparé avec minutie, rien n’est laissé au hasard, l’âme est entrainée pour cela, il lui faut juste se conformer au programme établi.

Armstrong n’est pas seul. Certes, sur la Lune il paraît souffrir de solitude, son seul ami de fortune n’étant pas très bavard, mais Armstrong est au contact de sa base et quand il parle, Houston écoute, lui donne des instructions. Quand il pose Apollo 11 sur la Lune, la Terre applaudit. Quand il annonce ce qu’il fait, l’enfant qui se trouve en colonie de vacances au fin fond du Michigan écarquille les yeux, marqué à vie.
Ainsi le drapeau américain ne flotte pas pour rien, il est l’espoir et le signe de la puissance, du génie, de la grandeur d’une nation.

Jamais l’âme ne peut éprouver l’isolement ou l’abandon, car si d’apparence elle a l’air petite, faible et sans ressources, en étant reliée à sa base en permanence elle est encouragée, guidée et aidée. Quand elle pose le pied sur la Terre pour la première fois des centaines de personnes sont là pour l’applaudir et lui souhaiter bonne chance, autant dans les cieux que sur Terre. Quand elle pose l’étendard sur son front et son bras pour la première fois, c’est encore sous des tonnerres d’encouragements. Et ainsi, à chaque étape importante de la mission, les hommes sont les témoins de la grandeur des pas accomplis par l’âme.

L’image des bonnes actions, des pas de l’homme sur Terre peuvent parfois avoir une allure de banalité fade, sans relief ni couleur, désespérant de pouvoir décrocher la Lune... Mais ce n’est qu’à la fin de sa mission que l’âme prend réellement conscience de la façon dont ses pas ont été des pas de géants pour l’humanité et l’univers. Tel Armstrong qui n’a réalisé son impact sur l’histoire de l’humanité qu’à son retour.

Espérons que les pas de géants réalisés par chacun nous portent vers le plus grand des sauts, celui des Temps Messianiques.

mardi 23 juin 2009

3 Tamouz


Le 3 Tamouz est une date très marquante dans l’histoire de notre peuple, bien que peu connue du grand public, mais méritant que l’on s’y attarde davantage.
Rappel des faits :
En 2488 soit quarante ans après la sortie d’Egypte, le Peuple Juif, en pleine conquête de la Terre d’Israël, s’apprête à remporter sa bataille, tandis que le soleil commence à se coucher. Josué, qui guidait les Juifs à cette époque, tient à ce que le combat s’achève avant que la nuit ne tombe. Il proclame alors : « Soleil, reste à Guiv’on ; lune, fais halte dans la vallée d’Ayalon ! ». Les astres s’exécutent et arrêtent leurs cours pour que la guerre soit gagnée en une journée.

C’est bien la seule fois de l’histoire que la planète a dû modifier - durant quelques heures - son cycle astral. Soleil, continue de briller !

3266 années plus tard, en l’an 5754 du calendrier juif, la nuit est tombée...
Avant, brillait dans le monde le rayonnement d’un homme dont l’éclat dépassait les frontières des continents et inspirait tous les bords de la société. Alors que le Peuple Juif venait de subir les plus lourdes pertes de son histoire, se retrouvant à la fois physiquement diminué et moralement anéanti, cet homme a révolutionné le paysage d’après-guerre.

Le Rabbi Menachem Mendel Schneersohn de Loubavitch a commencé par redonner le goût de la vie à une société qui l’avait perdue. A conseiller, à enseigner, et surtout à aimer. Il a déclaré sa flamme pour chaque Juif, grand ou petit, érudit ou inculte, religieux ou matérialiste. Sa grandeur d’âme et son érudition vertigineuse ont forcé l’admiration des scientifiques, des chercheurs, des philosophes, des hommes d’états et de tous ses pairs durant des décennies.

Mais au matin du dimanche 12 juin 1994, le Rabbi a rendu son âme au Créateur.

Au sujet de la mort de Moïse, le Midrach nous explique que « de la même façon que de son vivant il servait son peuple, après son départ, il poursuit aussi son action ». Parce que la vie d’un Juste qui guide son peuple n’est pas un titre honorifique ou une distinction, c’est avant tout le souci d’apporter assistance et aide à autrui.

15 ans après le départ physique du Rabbi, ses disciples n’ont eu de cesse d’intensifier leurs efforts pour continuer à enseigner, à aider et à inspirer. Il devient difficile de trouver un point de chute sur la planète sans les rencontrer avec leur accueil chaleureux, devenu légendaire.

Le Rabbi a mené une bataille pour offrir la possibilité à chacun de pratiquer son Judaïsme, l’héritage le plus cher que nous ont légué nos ancêtres. Cette lutte n’est pas terminée. Mais ceux qui y sont engagés, vivent avec la certitude qu’il continue à guider et à assister chacun. Preuve en est : l’expansion sans précédent des délégations Loubavitch de par le monde.

Ainsi, nous savons que si la nuit est peut-être tombée par le vide physique que le Rabbi a laissé, en revanche, son inspiration constante nous donne la certitude que le soleil continuera toujours de briller !

mardi 26 mai 2009

Le rebond de la balle jaune



Chronique du mardi 26 mai 2009

Tout le monde le sait, lorsque la petite balle jaune se fait star sur le circuit de Roland Garros à la porte d’Auteuil, c’est le parfum de l’été qui commence à nous chatouiller et les températures commencent à grimper.

Je me souviens avoir un jour partagé une réflexion avec Monsieur Nelson Monfort, le célèbre commentateur sportif. L’idée tournait autour de la spécificité du tennis et de l’engouement d’un public de plus en plus large, assis dans les tribunes latérales et prêt à tous les torticolis pour suivre les échanges Nadal-Federer. (Je ne cite volontairement pas de joueurs français, parce qu’il n’arrivent pas en finale.)

Une partie de tennis ne se joue pas en un temps donné mais en nombre de jeux, en 2 ou 3 sets gagnants selon les tournois. A la différence d’autres sports comme le football ou le rugby dont les matches se déroulent en 90 ou 80 minutes, une partie de tennis peut durer plusieurs heures jusqu’au dernier rebond de la balle de matche, par laquelle le gagnant et le perdant seront alors désignés.

Mais avant ce rebond final, tous les espoirs sont permis. On a déjà vu des joueurs perdre les deux premiers sets et être menés 5-0 dans la troisième manche, et pourtant, ils ont été capables d’inverser l’issue quasi inéluctable du matche.

Et si la vie ressemblait à une partie de tennis ? Chacun tente de jouer sa partie, chacun donne du sien pour mener à bien sa vie. Parfois le jeu est du fond de cours, l’attitude est plus défensive, mais elle peut être aussi beaucoup plus agressive, avec des montées au filet et même des smashes.

On gagne, on perd. On remporte un jeu, on en perd un autre. Il peut même nous arriver d’en perdre plusieurs à la suite, de se faire breaker et de ne pas trouver de solution aux problèmes que l’adversité nous pose. Mais tant que la balle jaune est en l’air, tous les espoirs sont permis.

Cette balle jaune pourrait être comparée à l’âme : chacun est animé d’une âme capable de produire différents effets. La sensibilité que nous allons lui accorder est le reflet de notre habilité à la manipuler. «Lifté», «chopé» ou «slicé», son effet est capable de modifier sa trajectoire initiale, avant et après le rebond.

Ainsi va notre âme, baladée d’un côté à l’autre de nos deux penchants… Lequel d’entre eux lui donnera le coup le plus fort, lui imprimera le rythme le plus soutenu dans l’espoir de lui infliger un redoutable effet? Il faut aborder l’adversaire la peur au ventre, vacillant d’hésitation entre attaquer fort ou monter au filet pour la jouer en finesse, ou bien infliger un passing fatal.

Mais encore une fois, le matche est entre vos mains : il n’y a pas de temps règlementaire ou d’arrêt de jeu ; tant que vous êtes là, vous avez la possibilité de renverser la situation pour aller tout droit vers la victoire.

Auriez-vous peut-être besoin d’aide ? Certainement, mais le Midrash ne nous a-t-il pas déjà enseigné que « sans l’aide du Créateur le bon penchant ne pourrait rien seul ». Cette affirmation sonne pour chacun comme une lueur d’espoir dans cette lutte acharnée, digne d’un grand chelem ! Nous avons la promesse que nous ne sommes pas seul et qu’à chaque fois que ce sera nécessaire, nous aurons une aide du Ciel pour vaincre l’adversité.

A trois jours de la fête de Chavouot, les montées au filet sur terre battue ne présagent-elles pas de l’ascension vers le Mont Sinaï ? Un peu de rebond quoi… Jeu, set et matche!

lundi 18 mai 2009

Pense bien !


Chronique du lundi 18 mai 2009

Il aurait pu se présenter par : « Mon nom est « Bib , Zer-Bib », car à l’instar de 007, il est aussi habile du micro que « James Bond » de son arme à feu. Et à vrai dire, tous deux sont capables de mettre le feu avec leur arme. Mais Yoni Shlomo préfère mettre le feu à l’âme que l’arme à feu.
Il annonce la musique, avec le titre de son album « Tracht Gut – Pense bien », cette phrase c’est en fait l’un des plus grands maîtres du ‘Hassidisme qui enseigna à son élève qui avait du mal à décoller dans la vie, qu’il valait mieux penser positivement car la force de la bonne pensée est justement de forcer le positif !

Mais attention, cet adage n’est pas uniquement le nom d’un album… « Pense bien tout ira bien » est avant tout le titre de sa vie, car Yoni a toujours cru en sa capacité à pouvoir jouer dans la cour des grands chanteurs. Tandis que certains se morfondaient sur leurs ratages d’aigus mal placés, Yoni a investi dans son égo bien placé. Son premier rêve - chanter avec le roi de la musique ‘hassidique Avraham Fried - s’est réalisé plus tôt que ne lui prédisaient les meilleurs pronostics. Puis est arrivé son premier enregistrement, qui n’était peut-être pas à la hauteur de cet album, mais qui a constitué une étape et l’a mené tout droit à la rencontre d’un grand.
Ce grand, c’est Moshé Laufer. Quand ce dernier signait les tubes de Fried et de MBD, Yoni ne savait alors pas tenir un micro dans sa main. Mais à présent que Laufer lui produit un album, certains feraient bien de se demander s’ils ne devraient pas le lâcher…

Pourquoi tant d’enthousiasme ? Parce que Yoni n’a lésiné sur rien.
Le premier titre de l’album sonne comme un tube d’été qui trouvera le rythme des pas de danse dans les prochains mariages. Du ‘hassidique, du pur, une voix entraînante, quoi de mieux pour une entrée en matière ?
Tracht Gut : plus qu’une chanson, une devise de vie !
On continue ? Attention, une surprise et non des moindres nous attend avec le titre numéro 4 : Waltz Yeroushalaim. Jamais personne n’avait osé faire valser un ‘Hassid. L’accordéon qui règne en patron de l’harmonie de cette danse, nous balance vers le trône du Roi David avec raffinement. La voix est tellement juste ; beaucoup de cœur et peu de pleurs… autant d’ingrédients qui donnent une sonorité délicate à l’espoir de la reconstruction du Temple de Jérusalem. C’est bien là que se distingue la « French Touch », tant attendue dans le monde de la musique ‘hassidique en manque de souffle et d’inspiration ces dernières années. Ce qui a poussé certains à franchir les frontières d’une musique qui se devait de parler à l’âme, plus qu’à la technique tonique d’un corps en manque de délire.

Voilà la marque d’un grand, car la différence entre un chanteur et un artiste c’est qu’un chanteur chante - c’est la moindre des choses que l’on puisse attendre de lui, tandis qu’un artiste se joue de vous, il vous pend à sa corde… vocale. Yoni montre qu’il appartient à cette dernière catégorie, il vous ballade entre un slow et un pop, il vous fait frissonner dans une prière pour ensuite vous faire sauter dans une exaltation sincère comme une délivrance quand la corde se dénoue.
Car avant tout, ce qui sonne juste dans sa voix, c’est sa joie. Il a vraisemblablement pris beaucoup de plaisir à enregistrer, et cela s’entend. La joie de faire découvrir un nouveau ton, jouer avec la large palette de ses tonalités, la beauté de ses médiums sont sans doute ses grandes qualités mais il monte aussi, haut, très haut, sans que cela ne devienne ostentatoire.

On se donne le droit d’espérer que Yoni ira creuser encore plus profondément les mystères de l’âme, afin d’interpréter de son talent les plus belles partitions… Il lui suffira de suivre sa devise préférée : « Pense bien, tout ira bien » !

mercredi 13 mai 2009

Valeurs humaines


Chronique du mardi 12 mai 2009

Lag Baomer est une date bien connue pour célébrer un sage, un maître et un auteur illustre – Rabbi Chimon Bar Yohaï - qui, à travers ses enseignements, offrit à la Torah ses plus beaux ornements : les commentaires du Zohar. L’âme de la Torah. Avant lui, la technicité du Talmud était huilée comme une mécanique froide, après lui, elle est devenue vivante, tel un corps doté d’une âme.

Aurions-nous pour autant la tentation de réduire Rabbi Chimon Bar Yohaï à un homme qui ne se préoccupa que de la dimension ésotérique de la Torah ? Idée quelque peu simpliste, car celui qui excella à insuffler une vie à un texte, a aussi consacré beaucoup d’écrits pour porter au plus haut les valeurs de vie, celles des hommes.

Qui a dit : « L'homme devrait se jeter dans un four brûlant plutôt que d'humilier quelqu'un en public » ou bien « Tromper quelqu'un par la parole est pire encore que d'extorquer frauduleusement de l'argent » ? Rachbi !

Car pour Rachbi, la vie de la Torah et la vie d’un homme sont sacrées, autant l’une que l’autre. Parfois même, la vie de l’homme prend une dimension dans le sacré que le sacré ne peut atteindre seul.

N’est-ce pas à son sujet que l’histoire raconte qu’après douze années caché dans une grotte avec son fils, il prit la décision d’en sortir car le danger s’était dissipé. En traversant un champ qu’un fermier était en train de labourer, il fit la remarque suivante : « Voilà les hommes qui abandonnent l'étude sacrée de la Torah pour des choses matérielles ». A peine eut-il prononcé ces mots, que tout le champ fut enveloppé d'un nuage de fumée et qu’une voix céleste se fit entendre : « Etes-vous venus pour détruire mon monde ? Retournez à votre caverne ! ».

Une année supplémentaire fut nécessaire pour qu’à sa sortie, il puisse apprécier à sa juste valeur l’utilité du travail. Comme si parfois, il fallait étudier encore plus pour s’apercevoir de l’importance de l’ouvrage de l’homme.

Sa vision de l’être humain et des valeurs qu’il véhicule va dès lors être au cœur de son enseignement moral. L’honnêteté, le respect d’autrui, la grandeur des petites attentions, la portée d’une bonne parole et l’intégration dans la société, seront autant de messages qu’il ne cessera de prôner et de partager.

N’est-ce pas Rachbi qui enseigna l’adage dans « Les Maximes de nos Pères » : « Il existe trois couronnes : celle de la Torah, celle du sacerdoce et celle de la royauté. Cependant, la couronne d'une bonne renommée est supérieure à toutes les autres. »

Lag Baomer, le jour de son départ de ce monde est donc celui de l’effort à l’application de son héritage. Ce n’est ainsi pas un hasard si c’est un jour festif, surtout pour les enfants, car après tout, les enfants avec leur sincérité, leur honnêteté et leur sens inné de la vérité n’incarnent-ils pas le mieux ces valeurs ?

lundi 11 mai 2009

L'album A capella d'Avraham Fried

Suite aux nombreuses demandes et le grand succès de la diffusion du nouvel album d'Avraham Fried et famille, je vous propose ici d'acheter l'album disponible uniquement en ligne.

Sit back and enjoy

mardi 24 mars 2009

La Synagogue perd-elle son âme ?


Dimanche se sont tenus les états généraux de la jeunesse organisée par le FSJU. Une enquête a été réalisée par le Fond Social dont l’une des question était : quelle est l’urgence en matière d’éducation ? Alors là, les amis, grande surprise : les animateurs de mouvements de jeunesse ont répondu que la priorité est… l’investissement dans un mouvement de jeunesse. La synagogue en revanche n’arrive qu’en 4ème position, après la famille et les écoles.
Mais le fin du fin, c’est la réponse des présidents de communautés : contre toute attente, ils ne sont que 30 % à placer les synagogues au centre des urgences en matière d’éducation… Ce qui signifie que, pour 70 % des président de communauté juive en France qui ont répondu à cette enquête, la synagogue n’est pas la priorité pour inculquer les valeurs de notre tradition…

Là, je me suis dit, il faut absolument que je vous parle de cette tendance. Car, si demain je suis président d’une communauté, je ferais naturellement tout pour que ma synagogue soit un point central de l’éducation de mes fidèles.
D’où vient alors le problème ? La synagogue est-elle en pleine crise, perd-t-elle son âme ? Aujourd’hui, comme toujours, elle est le lieu du culte par nature. Mais doit-elle l’être uniquement ? En dehors de la stricte prière, la synagogue doit-elle se diversifier ?

Parlons franchement. Une personne qui n’a pas l’habitude de venir à la synagogue ne viendra que pour trois raisons, en dehors des grandes fêtes comme Roch Hachana et Kippour : pour un mariage, une bar Mitsva, ou encore à la suite de la perte d’un membre de la famille. Si je résume, la synagogue est le lieu des fêtes et - malheureusement - du deuil. Mais pourquoi la synagogue ne serait-elle pas tout simplement un lieu de vie ?

En hébreu le mot synagogue n’existe pas dans le vocabulaire courant, on utilise le mot Beth Knesset, ce qui veut dire, lieu de rencontre. C’est cela le cœur de métier d’une synagogue : elle est avant tout un lieu de rencontre, elle est un lieu où les gens veulent se retrouver, discuter, partager.
La prière est certes importante, elle est essentielle, mais elle n’est pas exclusive. La synagogue est importante parce que dans la tradition juive quand des personnes se retrouvent, il est important d’en profiter pour en faire l’opportunité d’une prière. Mais si à la fin de la prière il ne nous reste plus qu’à se saluer et à se disperser au plus vite, alors oui c’est une évidence, la synagogue perd son âme.

Les présidents ne semblent pas porter très haut le drapeau de leur synagogue. Par manque d’ambition ? de vision ? Freiné par leurs rabbins ? leur conseil d’administration ? Je ne sais pas. Toujours est-il qu’elles sont de plus en plus vides pour la plupart d’entre elles, et c’est un phénomène pour le moins inquiétant.

Cette étude a le mérite d’avoir permis de poser la question de la place que les présidents, les rabbins et tous les acteurs d’une synagogue souhaitent qu’elle reprenne : lieu de vie, lieu d’échange, lieu d’enrichissement… Peut-être qu’on trouvera là, la solution à leur désertification et au manque d’intérêt qu’elles suscitent chez les jeunes.

J’ose espérer que le fait de poser la question soit déjà une partie de la réponse !

jeudi 12 mars 2009

Mendel Samama s’explique

Ce n’est pas dans mon habitude de répondre systématiquement aux commentaires des Internautes, même si parfois je les trouve injustes et même, frisant la méchanceté.
Pour autant, après ma chronique sur Pourim où j’ai dénoncé le devoir d’ivresse à outrance, je ressens le besoin de préciser ma pensée afin de ne pas blesser ceux qui ont cru comprendre que je critiquais l’esprit des Farbrenguen avec de la Vodka ou l’idée noble que le ‘Hassidisme se fait d’une consommation d’alcool modérée.

L’idée de cette chronique m’est venue suite à une conférence à laquelle j’ai assisté il y a deux semaines, où le conférencier posait la question de Pourim de façon tout à fait délirante : pour lui, le sens de Pourim était le jour de folie par excellence, comme si les religieux avaient besoin d’un jour par an pour assouvir leur besoin de s’affranchir de leur cadre très réglementé régissant leur comportement tout le reste de l’année.

Cette théorie a fait ressurgir un souvenir de jeunesse qui a vraisemblablement dû me marquer. Agé de cinq ou six ans, j’accompagnai mon père qui faisait la tournée de distribution des Michloa’h Manot pour les Rabbanim de la ville et j’ai alors assisté à une scène peu banale, chez un Rav renommé. Ses élèves étaient en train de chanter « Les Talmidim sont des Géonim et les Rabbanim des Mechugayim » (les élèves sont des génies et les maîtres des demeurés) ; je me souviens encore de la mélodie qui rythmait cette aberration. J’ai cru comprendre avec le temps que, pour beaucoup, Pourim demande une grande préparation afin d’appliquer le strict terme de la Méguila qui dit « Venahapo’h Hou » le retournement de situation. Pour eux, il ne s’agit pas seulement de commémorer du retournement de situation historique, il faut aussi le faire.
Oubliant au passage, que le changement de comportement aurait pu être celui d’une plus grande abnégation et la preuve d’une certaine tolérance envers leurs voisins moins pratiquants… en leur offrant par exemple une petite visite surprise, histoire de montrer que nous sommes tous un même peuple et par là même, les aider a accomplir les Mitsvot du jour. Mais malheureusement, ce n’est pas le genre de la maison et ce n’est pas Pourim qui changera la mise !
C’est cette dérive que je dénonce.

En revanche, je ne dénonce pas ceux qui après une longue journée de Mivtsaim et de lecture de Méguila, boivent un peu plus que d’habitude avec le sentiment d’un devoir inaccompli, car au fond d’eux ils se disent qu’ils auraient pu faire plus. Je ne dénonce pas ceux qui, pour puiser au plus profond de leur cœur des paroles pour toucher le cœur des autres, ont besoin de se sentir un peu plus « on a high » que d’habitude. Je ne dénonce pas ceux qui appliquent la phrase : « grande est la gorgée car elle rapproche les cœurs ». Je ne dénonce pas ceux qui suivent le précepte de la Michna : « il faut faire boire la bête avant de l’égorger », s’agissant d’égorger son mauvais penchant bestial.

J’ai un jour entendu dans un Farbrenguen (oui ça m’arrive aussi de boire !) la différence entre un ‘Hassid qui boit et un autre : d’habitude ceux qui boivent le font pour oublier, tandis qu’un ‘Hassid le fait pour se souvenir. Se souvenir de son âme, de son Rabbi, de sa mission, de son devoir etc.
Jamais l’idée de noyer son chagrin dans l’alcool n’effleurera l’esprit d’un « Le’haim ».

Voilà pourquoi j’ai choisi de répondre aux réactions des Internautes et de ceux qui ont choisi de le faire avec élégance en m’adressant un email personnellement.

Et pour la petite anecdote, cette année à la sortie de Pourim, j’ai passé un coup de fil à un Chalia’h en France pour lui poser une question… Au passage je lui ai demandé s’il avait bu, il m’a répondu : « quand tu as lu onze fois la Méguila dans la journée et que tu organises une Séouda pour des centaines de personnes, tu n’as pas besoin de boire pour sentir la fête ! ».
Chemin faisant…

mercredi 11 mars 2009

Des chiffres


Depuis une semaine la presse nationale se penche sur la question de l’assimilation. Vendredi dernier le Figaro, dans un article intitulé « Les juifs redoutent leur extinction à terme », démontrait les inquiétudes de la communauté. Dans son édition d’aujourd’hui, c’est au tour du Monde de se pencher sur le sujet, sous le titre : « A Bry-sur-Marne, le rabbin loubavitch en quête de nouveaux croyants ». Non, ce n’était pas une blague de Pourim !

Le phénomène de l’assimilation est simple. Pour un groupe de 100 juifs au départ, des chercheurs ont montré qu’il resterait 3 après quatre générations dans les milieux laïcs. Il en resterait 13 chez les libéraux, 24 chez les conservateurs, 346 chez les modernes-orthodoxes, 2 857 chez les religieux. Mais ceux-ci représentent une très faible proportion de la communauté ! Extinction, donc, de la communauté d'un côté, expansion de l'autre. Avec des clés chiffrées : le taux de fécondité d'une femme du milieu religieux est de 6,9 ; celui d’une femme appartenant au milieu juif laïc est de 1,2. Quant aux mariages mixtes, ils sont de 72 % chez les juifs laïcs et de moins de 1 % chez les juifs religieux.

Le résultat de ces recherches a été présenté la semaine dernière à Paris, lors d’un congrès de Rabbins, par l’ancien grand Rabbin d’Israël et actuel président du mémorial Yad Vashem, Meir Lau.

Le rabbin Farhi, du Mouvement juif libéral de Paris, a tenté de lui répondre en pondérant non pas les chiffres mais les conclusions. Il a fait remarquer que le judaïsme doit s’ouvrir, y compris sa branche orthodoxe, et noté, pour conclure, que si les écoles juives sont pleines, c’est que ces chiffres sont à prendre avec précaution.

Je sais, monsieur Farhi, ces chiffres sont très difficiles pour un responsable comme vous. Votre arrière petit fils risque de se retrouver avec au mieux 10 % du nombre de vos fidèles et au pire 3 %. Oui je sais, il y aura toujours des nouvelles têtes, mais ce n’est tout de même pas rigolo de se dire que le businesse modèle libéral n’est pas pérenne. Les libéraux seront-il en crise : non pas une crise là tout de suite, avec des très fortes baisse de fréquentation etc…, mais une baisse démographique de long terme.

D’ailleurs, en prônant l’ouverture et la souplesse, vous imaginez accepter tout ceux qui se considèrent comme juifs dans votre communauté. Mais ces personnes auront tellement peu à transmettre à la génération future que celle-ci risque de perdre son intérêt pour la religion et du coup se perdre… La démarche me semble tellement « court termiste » que je me m’interroge sur son utilité.

Je ne considère pas que la seule famille légitime soit la branche la plus dure du judaïsme. Mais si tout le monde est gentil, tout le monde il est beau, et donc tout le monde peu rentrer dans la famille sans en accepter toute les contraintes et les implications (du moins les plus importantes) quelle est donc alors cette identification avec la famille ?

Mon père me disait déjà qu’il ne s’appelait pas Rothshild. J’ai voulu insister, rentrer dans leur famille pour toucher éventuellement une part du patrimoine : je leur ai expliqué que je partageais les mêmes valeurs et les même idéaux qu’eux... Malheureusement, pour des raisons dont vous vous doutez, ça n’a pas marché. Et je n’ai rien touché…

Pourquoi en serait-il autrement pour la religion ?

Photo:© Punit Paranjpe / Reuters. www.lemonde.fr

mardi 10 mars 2009

Pourim

Pourim

Bonjour.
Pourim cette année sera avec ou sans pastis, avec ou sans glaçon dans le whisky, avec ou sans copain, avec ou sans terrasse, avec ou sans ivresse, avec ou sans coca, avec ou sans folie, avec ou sans déguisement, avec ou sans pétards, avec ou sans confettis.
Mais Pourim sera toujours avec joie, avec l’écoute de la Méguila, avec les dons d’argent aux pauvres, avec la distribution des deux mets des Michloa’h Manot, avec le grand festin.
Parce que Pourim est authentique, garde sa recette depuis des siècles, transforme les austères en joyeux, les mélancoliques en enthousiastes et réhabilite les accablés, en les laissant savourer l’ivresse d’une victoire le temps d’une journée.

Mais que reste t-il de la dignité ? Chaque année je me pose une question que je n’imagine ne pas être le seul à poser : pourquoi ce jour là est-il celui de tout les excès ? Comment se fait-il que des personnes posées et respectables se retrouvent ce jour là dans un état souvent lamentable, loin de l’attitude digne que l’on serait en droit d’attendre d’elles ? Qui ne les a vues buvant un verre, un deuxième, et encore conscient un troisième et ainsi de suite jusqu’à ne plus savoir à quel verre s’en tenir…
Pourim serait-il, pour une classe se revendiquant dans la tradition, le jour où tout est permis ? Un jour de joie extrême avec tout ses travers ? Un moment de libération qui ne consisterait qu’à mettre en exergue ce que toute l’année certains se refuseraient à exprimer ? La joie permet-elle de faire tomber les règles de bonnes conduites ? De faire tomber les masques ?

Je sais bien j’ai l’air d’un rabat joie : pendant que tout le monde s’éclate et se poivre, moi je regarde et je me moque. Oh que non ! Je sais aussi ce qu’est faire la fête, et pour cause. Mais je ne me suis jamais fait un devoir de m’enivrer au point de me retrouver comme une loque sur le bord d’un trottoir. Vous allez me répondre que dans la loi il est dit « un homme doit se saouler le jour de Pourim jusqu’à ne plus reconnaître entre maudit soit Ahan et bénit soit Mordé’hai ». Voilà c’est écrit : il faut perdre la tête, perdre conscience, boire, et faire le dingue…

En ce qui me concerne, j’assume préférer une forme de festivité un peu différente de celle-là. Oui, il faut sortir de son état classique, oui il faut trouver le moyen de ne plus se sentir limité dans ses propres habitudes. Pourim est le moment d’une élévation comme le jour de Kippour. Comment y arriver ? La réponse n’est pas tant dans ce qu’il faut faire, mais dans la « façon » dont il faut le faire.

Le but de Pourim n’est pas de boire, n’est pas d’être dans un état second, n’est pas de faire le fou ou d’en profiter pour exprimer à la va-vite toutes les frustrations stocké durant une année.
Pourim est un jour sérieux, c’est un grand jour, et justement, parce que c’est un très grand jour que notre conscience dans son « état de fonctionnement » habituel n’est pas capable d’atteindre et d’apprécier. C’est pourquoi nos Sages ont suggéré qu’il fallait sortir de cette posture habituelle pour se permettre s’atteindre le plus haut. Pourim, c’est au-delà de la conscience.

Certains pensent qu’après la conscience il y a l’animal. Et ils se conduisent en adéquation. D’autres pensent qu’après la conscience il y a l’ange et ils se conduisent en conséquence, également.
A chacun de choisir à quel monde il souhaite appartenir. Le choix que vous ferrez pour Pourim ne sera pas innocent. Il sera avant tout le reflet d’une année passée et éclairera l’année à venir. Vous pensez que je vous propose un Pourim « light » ? Non, je vous en propose un vrai, qui vous propulsera pour le reste de l’année, parce que je n’ai pas envie qu’il soit l’expression d’un zéro.
Avec ou sans Coca ?

jeudi 12 février 2009

Deux tables de la loi


Chronique de jeudi 12 février 2009

Cette semaine nous lirons dans la Torah les dix commandements, donnés sur les deux fameuses tables de la loi. Savez-vous d’ailleurs pourquoi nous avons reçu deux tables ? En effet D.ieu aurait très bien pu les écrire sur une seule… L’histoire très sérieuse raconte que quand D.ieu demanda au peuple juif s’il acceptait de recevoir la Torah, le peuple lui en demanda le prix. D.ieu répondit « c’est gratuit ». « Dans ce cas, donne-nous en deux ! », ont alors répondu les juifs.

Que cache cette plaisanterie ?
La lecture horizontale des tables nous permet une juxtaposition des commandements intrigante, qui a pour résultat de mettre sur la même ligne et de lier le premier commandement « Je Suis l’éternel ton D.ieu qui t’a fait sortir d’Egypte » avec le 6ème commandement « tu ne tueras point ».
Ce qui se cache dans ce message n’est donc rien d’autre que le secret des civilisations futures. Et toute tentative à travers l’histoire de séparer ces deux commandements, de les rendre indépendants, projette nos sociétés vers une défaite morale et le chaos.

Les penseurs et philosophe qui ont défendu que la religion n’était pas nécessaire pour assurer un comportement moral et offrir à l’homme les voies de la liberté ont délibérément ignoré l’éternel en désarticulant le « tu ne tueras point » du « Je suis l’éternel ton D.ieu ».
Alors sont venues les tristes heures de l’holocauste, qui ont mis fin à l’espoir d’un progrès humain basé sur la raison humaine. A Auschwitz, le sentiment d’empathie de l’homme moderne était ruiné pour toujours : les SS pouvaient passer une journée dans le camps de concentration gazant 12.000 êtres humains et rentrer le soir à la maison, sereins, nourrir leur chien et rire avec leur femme autour d’une belle bouteille de vin millésimée, en écoutant du Mozart ou du Wagner. Quel cynisme ! L’horreur absolue.

Elie Wiesel raconte qu’il a fait part au Rabbi de Loubavitch de sa révolte en lui posant la question suivante : « Mais où était D.ieu durant la Shoah ? Pouvait t-il ignorer six millions de ses enfants, morts dans la plus grande cruauté ?» Le Rabbi - qui a perdu une partie de sa famille durant la guerre - le regarda alors avec ses yeux bleu perçants, et pleins de larme, et lui dit : « Et en qui voudrais-tu que j’ai foi ? En l’homme ? »
Quand l’homme prétend défendre des valeurs exclusivement humaines, alors il se rend capable d’être moins qu’un humain.

L’histoire ne s’arrête pas là. De nos jours, certains abandonnent le commandement « tu ne tueras point » pour garder exclusivement le premier, et au nom d’Allah ou de tout autre dieu, se permettent de tuer ceux qu’ils qualifient d’infidèles. L’exemple même de la perversion de la foi. La distinction n’existe plus entre un homme d’affaire New Yorkais, un enfant mangeant une pizza à Jérusalem, des touristes à Bali ou un couple ‘Habad à Bombay. Détaché du « tu ne tueras point », le pouvoir du premier commandement prend d’un coup le visage du fondamentalisme religieux : capable de tuer le jour pour D.ieu et de dormir le soir sans conscience.

Quand D.ieu donna la Torah, il voulut jeter les bases d’une société dont les fondations seraient le respect de l’être humain et de la paix. Il associa alors la foi en Lui à l’interdiction d’ôter la vie humaine. Car la valeur inviolable de la vie est le plus grand témoignage de la croyance en D.ieu en respectant l’homme créé à Son image, et cette valeur doit être gravée dans les tables de la loi en juxtaposant les deux commandements.

Voilà pourquoi nous avons deux tables, et c’est vrai que cette valeur n’a pas de prix !

mercredi 4 février 2009

10 Chevat un Rabbi, pourquoi?


Aujourd’hui, 10 Chevat, est un jour particulier dans le calendrier ‘hassidique et pour cause, le 10 Chevat 1950, le précédent Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak quitta ce monde et un an après, à la même date, son gendre le Rabbi Menahem Mendel Schneersohn prit officiellement sa succession à la tête du mouvement Loubavitch. Ce fut alors vers lui que les espoirs et les regards se tournèrent. Ce fut alors vers lui qu’affluèrent les demandes de bénédictions et de conseils du monde entier.

Naturellement, cette date a marqué un tournant dans le judaïsme d’après-guerre, et depuis, le mouvement Loubavitch a atteint une ampleur qu’aucune autre organisation internationale n’est encore parvenue à égaler. Aujourd’hui, si vous parcourez le globe, il est très difficile de trouver un coin qui ne soit pas couvert par un délégué, prêt à vous accueillir les bras ouverts pour un repas de Chabbath ou un cours de Torah.

Pourtant, ce n’est pas tant de cette dimension dont j’ai envie de vous parler, mais d’une interrogation que j’ai entendue plus d’une fois : Pourquoi y a-t-il chez les Loubavitch une telle fascination pour leur Rabbi ? Pourquoi se tournent-ils toujours vers lui au moindre doute ou pour la plus petite question ? Cette ferveur ne serait-elle pas un peu « too much » ?

Alors, laissez-moi vous dire que la section de la Torah que nous lisons cette semaine me permet justement d’expliquer cette attitude, issue d’une des plus anciennes traditions juives.

En effet, la Torah nous raconte que lorsque la Mer Rouge s’est ouverte en deux, le peuple se mit alors à chanter. Juste avant cela, le texte énonce : « Et le peuple a vu la mer ouverte, alors il a cru en D.ieu et en Moïse Son serviteur ». Ici, une question flagrante se pose. Moïse n’ayant fait que ce que D.ieu lui avait ordonné, il ne fût donc qu’un simple exécutant… Pourquoi quand le peuple a cru en D.ieu, a-t-il nécessairement eu besoin de croire en Moïse ?

La réponse est toute aussi évidente : en fait, jamais le peuple d’Israël n’avait pensé que Moïse avait acquis un pouvoir personnel ou indépendant, non ! Chaque geste de Moïse n’était que l’exécution d’un ordre Divin. Mais en même temps, le peuple avait pris conscience que sa propre croyance n’était pas possible ni suffisante sans l’aide d’un Moïse, qui leur servait de point d’attache. Les Hébreux avaient besoin d’un repère auquel ils pouvaient s’accrocher, pour que se dévoile leur foi, tantôt vacillante, tantôt intègre, mais toujours difficile à exprimer.

Ainsi en est-il de l’attachement d’un élève à son maître. Un maître est certes, celui par qui le savoir est transmis, mais pas seulement, car plus que des enseignements, il prodigue des conseils, des repères, tel un phare qui éclaire la voie de ceux qui souhaitent avancer, guidés par sa lumière.

Voilà pourquoi le Rabbi de Loubavitch, sans doute issu de la prestigieuse lignée des leaders du peuple juif, à l’image d’un Moïse à son époque, fut toujours entouré d’autant de disciples, qui ont souhaité trouver en lui, non seulement la transmission d’un immense savoir, mais surtout la vision d’un guide. La vision de l’apport de notre tradition pour notre monde, au-delà des frontières de la synagogue ou des centres d’études. La vision d’un monde global en paix et en harmonie avec tous ses éléments.
Inspirons-nous de cet héritage pour qu’il devienne une réalité concrète dans notre vie.
Bonne journée.

mardi 20 janvier 2009

Chez moi tout est dans le cœur !


Chronique de mardi 20 janvier 2009

Qui n’a jamais entendu un ami ou un proche dire « moi je suis juif dans le cœur, mettre les Tefilin ce n’est pas mon truc », ou alors « je préfère être honnête et juste que religieux et voleur » ? J’ai alors pour habitude de répondre du tac au tac : « attention le cœur est un organe fragile, mieux vaut répartir ses efforts sur tout le corps !»

Plus sérieusement, cette remarque a été traitée voilà deux siècles par un homme dont nous commémorons la disparition aujourd’hui. Nous sommes le 24 Tevet, et le même jour en 1812, le Rabbi Chnéour Zalman de Liadi - celui que tout le monde appelait «Alter Rebbe, le vieux Rebbe» - quittait ce monde.
Qu’a t-il fait pour résoudre ce problème cardiaque ? Il est l’auteur de deux ouvrages qui trônent aujourd’hui dans toute les bibliothèques juives dignes de ce nom : je parle du Choul’han Arou’h, le code civile et pénal juif dont la précision dépasse celle de tous les textes précédents, et du Tanya, chef-d’œuvre de la pensée juive et ‘hassidique.

En quoi consiste la révolution du Tanya ? Pourquoi a-t-il suscité tant d’opposition, particulièrement dans le monde religieux? Longtemps, le judaïsme été vécu comme un code de vie, associé à des pratiques uniquement mêlées à des réflexion d’ordre purement technique sur la raison de telle ou telle coutume.
Mais qu’en est-il du cœur ? Quelle est la place des sentiments et de l’enthousiasme dans tout ça ? Quel élan doit animer ma générosité ou ma prière ? Comment gérer l’adversité et les conflits intérieurs ? En d’autres termes, et la question est extrêmement banale : quelle place pour la dimension humaine, dans son sens le plus noble du terme, dans le judaïsme ?

Autant les questions sont passionnantes, autant l’opposition est virulente. Car pour certain – les opposants - selon le Talmud, l’homme doit se plier à une logique implacable, quitte à en supporter les contradictions et paradoxes dans sa vie quotidienne.

C’est à la résolution de cette équation que le «vieux Rebbe» consacra sa vie : donner la possibilité aux gens de vivre dans une harmonie profonde, jeter des ponts et des passerelles entre les qualités du cœur et de l’esprit toute en donnant une importance primordiale à l’action. Ne pas voir le monde qui nous entoure comme un obstacle à l’évolution spirituelle de l’homme, mais comme l’objet d’un passionnant défi, celui de lui révéler sa dimension la plus profonde.

Je pense que cette leçon n’a jamais été autant d’actualité. C’est pour cela qu’aujourd’hui je dis «merci» au vieux Rebbe… Bonne journée !

lundi 19 janvier 2009

Quel vide ?


Chronique de lundi 19 janvier 2009

Je ne prétends pas être le meilleurs analyste ou observateur de l’actualité. Mais ça saute aux yeux : les institutions juives ne savent plus quoi faire. Prendre parti pour défendre Israël, c’est normal : ont-elles le choix ? Mais jusqu’où montrer leur solidarité ? Car quand elles la témoignent aux Israéliens, on les accuse de ne pas en faire autant pour les victimes palestiniennes.

C’est vrai, il faut l’admettre, un étau se referme sur les institutions.
La question se pose encore bien plus pour les associations qui ont pour vocation première d’être actives dans la cité, dont les interlocuteurs ne sont pas toujours du même bord. Je pense notamment à l’Union des Etudiants Juif de France. Depuis le début du conflit elle n’a cessé d’abreuver les médias avec des communiqué plus ou moins maladroits.
Ce n’est pas le Président du CRIF Richard Prasquier qui dira le contraire, puisqu’à l’émission "parlons-net" il s’est désolidarisé des propos du jeune président de l’EUJF qui affirmait que les derniers actes antisémites «nous rappelle les heure les plus sombres de notre histoire». Et Prasquier de lui rétorquer que la comparaison est «scandaleuse»…

Il est tout de même étonnant qu'une association d’étudiants qui a pignon sur amphi mette tant d'ardeur à défendre des positions qui, même justifiées, risquent à terme de porter atteinte à sa mission première en favorisant l'amalgame entre les étudiants juifs et Israël. Ce qui est d'ailleurs en train de se passer...
Peut-être que la tentation de la médiatisation est telle que, dans une organisation qui a souvent servi de rampe de lancement politique à son président, l'absence de réaction serait vécue avec une trop grande frustration, voir comme une punition... Je ne sais pas…

On a en tous cas l’impression que les institutions juives de France, c’est-à-dire le CRIF, le Consistoire, les associations d’étudiantes etc., ont endossé le rôle de porte-paroles du gouvernement Israélien. De gré ou de force.

Pourquoi ?
On plébiscite beaucoup trop vite la communication d’Israël sur ce conflit, quitte à oublier qu'elle est peu active en France. Pourquoi les représentant de la communauté juive de France sont-ils interrogés dans les medias sur la justification de la guerre à Gaza ? N’y a-t-il pas de représentants d’Israël en France ? Pas de porte-parole ?

La nature a horreur du vide, c’est bien connu. Or le vide d’explications est grand. Certains vont dans les medias sans avoir le choix de faire autrement : leur représentativité les place en première ligne et leur attachement à Israël les oblige à prendre sa défense. Mais d’autres, parfois, s’engouffrent dans la brèche pour bénéficier d’une couverture médiatique plus large. Et, à défaut de faire l’actualité pour de bonnes raisons, se contentent de sauter sur elle…

Espérons que le cessez-le-feu sifflera la fin de la récréation et qu'enfin chacun retournera à sa place... Et moi à la mienne... Bonne journée!

jeudi 15 janvier 2009

Dividendes


Chronique de jeudi 15 janvier 2009

Peut-on distribuer des dividendes à ses actionnaires quand on a perçu de l'argent public ?
Voici la question éthique que les banques et certaines entreprises se posent en ce moment.

Quand des entreprises reçoivent de l’argent public pour renflouer leurs fonds propres - sans quoi certaines se seraient retrouvées en grande difficulté, voire dans l’obligation de mettre la clé sous la porte - est-il moralement correcte et acceptable de rémunérer leurs actionnaires ?

En lisant cette question dans le Monde daté de ce matin, je suis resté perplexe. Quelle serait la position, l’éthique rabbinique à ce sujet ?

J’ai alors pensé à la fameuse blague de Moïse et David qui se rendent un lundi matin chez le Rabbin de la ville pour lui poser une question urgente. « Monsieur le Rabbin, demande David, c’est important. Dites-moi, le noir c’est une couleur ou non ? » « Excellente question, donne moi deux minute ». Liant le geste à la parole, le rabbin va chercher dans sa bibliothèque un gros volume du talmud et après consultation, affirme que le noir est bien une couleur. « Ha oui ? Merci Monsieur le Rabbin, mais dites-moi, le blanc aussi, vous pensez que c’est une couleur ? » Studieux et patient le rabbin admet que la question est vraiment pertinente. Et après un nouveau coup d’oeil au talmud, annonce à David que le blanc également est une couleur.
Là, David se tourne vers son ami : « tu voit bien Moïse, le Rabbin aussi est d’accord avec moi : la télé que je t’ai vendue hier est une télé couleurs !»

Certes, les places boursières en fin d’année 2008 on broyé beaucoup de noir mais la question qui se pose est justement de savoir s’il est logique de rémunérer une action dont la valeur est en noir et blanc pour le prix de la couleur.

On pense au passage que ceux qui vont continuer à voir la vie en noir, ce sont les salariés, qui, au mieux vont garder leur emploi sans recevoir aucun dividende pour les efforts supplémentaires qu’ils vont devoir consentir cette année pour garder le même rendement. Ou pire, devoir repasser par la case départ du tout nouveau pôle emploi.

Mais c’est également vrai que le blanc et le noir sont formellement des couleurs, et que l’ont pourrait donc payer ces fameux dividendes.

Après tout des bénéfices ont bien été enregistrés. Mais éthiquement parlant ? Peut être faudrait-il attendre que tout le monde puisse profiter de la couleur de cet argent, et en premier lieu les salariés, avant de rémunérer les actionnaires. Ou encore attendre encore que les actions retrouvent un peu de couleur...

Houlala, je sens qu’aujourd’hui je vais en voir de toutes les couleurs. Bonne journée.

mardi 13 janvier 2009

Don't worry, be happy!


Ce n’est pas Marc-Alain Ouaknin qui aurait déposé un recours contre le slogan publicitaire qui fait scandale actuellement en Grande Bretagne : « there’s probably no G.od, Now stop worring and enjoy your life », « Il n’y a probablement pas de D.ieu. Alors arrêtez de vous inquiéter et profitez de la vie ».
Remarquez, moi non plus je n’aurais pas intenté d’action contre ces affiches, mais peut-être, voire sûrement pas pour les mêmes raisons, mais qu’importe…

Cette campagne d’affichage est partie d’une souscription à l’initiative d’une jeune journaliste de 28 ans nommée Ariane Sherine. Elle raconte dans le Figaro d’hier qu’elle est destinée à rassurer les non-croyants.

Donc, essayons de bien comprendre : un non-croyant angoissé pense « peut-être que je me trompe totalement et que D.ieu existe bel et bien… dans ce cas, je risque l’enfer ou alors si c’est D.ieu qui dirige le monde, Il m’a peut-être réservé un sort vraiment quelconque, je vais donc rester sans emploi et mes actions à la city ne vont jamais remonter ».

C’est alors qu’arrive cette super pub sur les bus ! « Hey my friend, ne t’inquiète pas, D.ieu n’existe pas, vas-y, fais la fête, tu n’es que le fruit du hasard et ta vie n’a aucun but, tu n’es là que pour consommer et t’amuser ».
Mais attendez, si j’avais une angoisse c’est que quelque part j’y croyais, car si je n’y croyais pas du tout, pourquoi aurais-je eu à la base un soupçon d’inquiétude ? Dans ce cas, le slogan aurait dû me dire que D.ieu n’existe pas. Pourtant, il avance plutôt que «probablement - donc sans aucune certitude - D.ieu n’existe pas ».

Et si moi, avec ma chance de gagnant au loto, le 1% de probabilité que D.ieu existe, tombait sur ma tête ?
Quel stress… que de doutes… quelle angoisse, cette pub ! En une seconde, elle remet en cause toutes mes certitudes d’athée.
Vite, un Rabbin pour m’aider !

Et comme le Figaro fait bien les choses, quelques pages plus loin figure une interview du nouveau Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim. C’est ainsi qu’il y explique posément – de façon concise – que la dignité, la sérénité de l’homme et son bien-être passent par sa croyance en D.ieu et par l’application de certaines lois, comme celles du Chabbath qui ont pour but de remettre l’homme au centre de la société, histoire de le détacher un peu du tourbillon de la consommation. Merci pour les soldes !

Mais le journaliste n’a pas osé le questionner pour savoir quel slogan il aurait affiché sur les bus français…
Comme il n’a pas eu cette opportunité, alors permettez-moi de vous donner ma réponse en exclusivité…
« Il y a un D.ieu. Alors arrêtez de vous inquiéter et profitez du chemin de la vie. En effet, dans la Tradition, la Torah est appelée Torat Haïm, la vie ».
Auditeurs, auditrices, vous qui m’écoutez derrière votre poste de radio, quand je vais vous souhaiter une bonne journée… vous répondrez… Amen !

samedi 10 janvier 2009

Quel camp ?

Chronique de vendredi 9 janvier 2009

Hier n’a pas été une journée honorable pour l’Histoire, et pour cause… par deux fois, les camps de concentration ont été assimilés aux conditions de vie actuelles de Gaza.
Le Pen, tout d’abord, lança cette comparaison entre Gaza et un camp de concentration, mais aussi le Ministre de la Justice et de la Paix du Vatican, le Cardinal Renato Martino qui déclara : « Regardons les conditions (de vie) à Gaza : cela ressemble de plus en plus à un grand camp de concentration ».

Naturellement, je m’indigne et je vomis à l’écoute de tels propos. Mais je pense que ce qui est lamentable dans toute cette histoire, y compris concernant les différentes réactions ici ou là de journalistes et d’écrivains, c’est que bien souvent, les gens ne savent pas de quoi ils parlent !

Je ne m’attarderais même pas sur les provocateurs, comme Le Pen ou autres, qui tellement pauvres de contenus, ne trouvent une raison à leur existence que dans le pire, à défaut d’avoir cherché le meilleur.
De ceux là, je n’ai pas envie de parler !

J’aimerais dire plutôt aux gens de bonne volonté, désireux de comprendre, ce qui se passe réellement…

Je ne suis pas géopoliticien moi-même, mais certains paramètres doivent tout de même être pris en compte :

1. Tout d’abord, saviez-vous que le territoire de Gaza, vaste de 360 km2, compte une population d’un million et demi d’habitants ? Pour vous donner un ordre de grandeur, c’est trois fois la taille du Resort World Disney. Désolé pour la comparaison !
2. La bande de Gaza possède en réalité trois frontières : l’une maritime, une autre avec Israël et l’autre avec l’Egypte.
3. Depuis le mercredi 17 Août 2005, Israël s’est retiré de la bande de Gaza ; suite à des combats très violents entre le Fatah et le Hamas lors d’élections en juin 2007, les Gazaouis ont élu le Hamas.

Mais attention, Gaza n’est pas un désert. Non ! Gaza c’est une côte magnifique dont les plages feraient rêver beaucoup d’agences de voyage et des millions de touristes.
Gaza, c’est une frontière avec l’Egypte, idéale pour travailler ou pour commercer.
Gaza, c’est une forte population active avec une industrie en plein essor.
Gaza jouit de la proximité d’Israël et de sa technologie pour développer le commerce.

Non, malheureusement, Gaza n’est rien de tout cela !

Pourquoi ? Parce que la communauté internationale n’a pas compris que les premiers ennemis des habitants de Gaza sont les terroristes du Hamas, qui grâce à leur argent corrompu, ont acheté les Gazaouis au début avec un semblant d’œuvres sociales et éducatives etc. mais qui par la suite, ont mis à leur merci une population qui n’a aujourd’hui aucun droit démocratique.
Les gens ont faim, ont soif, il n’ont pas de système de santé et ne peuvent bénéficier d’aucune éducation. Enfin, rien de ce qu’une population est en droit d’attendre de son gouvernement.

Je ne vais pas vous demander la faute à qui.

Mais je pose une question : l’Egypte, pays voisin et ami n’ouvre pas sa frontière aux Palestiniens, pourquoi ?
On stigmatise Israël qui ferme ses points de passage, mais qu’en est-il avec l’Egypte ?

Alors, tandis que le Hamas crée des tunnels pour faire de la contrebande d’armes, il aurait mieux fait de se préoccuper du bien-être de ses administrés.

Enfin, c’est juste une toute petite idée !

jeudi 8 janvier 2009

L’argent des fondations


Chronique jeudi 8 janvier 2009

L’affaire Madoff a ébranlé beaucoup de monde… Les 50 milliards de dollars qui sont partis en fumée n’ont pas seulement causé la mort d’investisseurs ou de fonds de pension, mais aussi des dizaines de fondations, juives de surcroît.

Elie Wiesel ou Steven Spielberg ont fait la une des journaux, oh ! pas pour promouvoir un nouveau film ou un livre, mais pour parler des millions, voire des milliards de dollars de leurs fondations, engloutis dans l’escroquerie Madoff.

Certes, ils ne sont pas les seuls et de nombreuses petites ou grandes fondations qui géraient de l’argent en provenance de donateurs particuliers, avec pour vocation le développement de la culture juive ou la mémoire de la Shoa ont, elles aussi, mis la clé sous la porte.

Cette affaire a permis de faire la lumière sur un mécanisme qu’il me semble légitime de remettre en cause. Est-il normal que de l’argent qui a été donné pour une œuvre caritative, culturelle ou autre, soit placé dans un compte pour faire des petits ?

Ce n’est pas tant la question de la fiabilité du placement qui est en cause, mais c’est plutôt le blocage de ces fonds qui pose problème. Evidemment, l’objectif est d’utiliser les intérêts générés à des fins sociales, mais entre temps, la personne qui a été sollicitée pour faire un don pour une cause spécifique et qui souvent est présentée sous ses aspects les plus urgents, se retrouve avoir placé ses euros dans un compte bloqué.

S’agissant de fondations privées alimentées par des fonds personnels, cela ne me regarde pas. Mais ce n’est pas toujours le cas… On sait que certains établissements éducatifs en France ont de l’argent placé - parfois des millions d’euros - et qu’en même temps, ils refusent d’accepter un enfant parce que les parents n’ont pas de quoi payer sa scolarité !

Je pense qu’il est temps de créer un système de transparence quant à l’utilisation des fonds, afin que chacun sache exactement la destination de ses dons : si l’argent donné le matin à un établissement ou une institution est dépensé dans la journée pour créer et faire vivre ses projets au quotidien ; ou alors s’il s’agit d’un placement investi dont seuls les intérêts serviront plus tard.

Quand je pense que parfois, certaines structures luttent pour essayer d’assurer à leurs institutions une pérennité matérielle… Bien souvent, vous le savez, leur plus grand problème est de trouver les moyens de faire vivre et d’alimenter les programmes socio-éducatifs ou pour la jeunesse. Cela n’est-il pas le plus grand et le plus sécurisé des investissements ?

Car former nos jeunes pour devenir des membres dignes et honorables, c’est non seulement s’assurer de la pérennisation des structures communautaires, mais aussi de ses futurs cadres et plus grands donateurs.

Et croyez-moi, que ce n’est pas un Madoff qui pourra faire couler la cotation d’un bon rabbin !

Bonne journée !

mercredi 7 janvier 2009

Inquétude

Chronique mercredi 7 janvier 2009

Inquiétude… voilà le mot qui circule de plus en plus depuis 24h dans la bouche des membres de la communauté juive de France.
Après l’attaque à la voiture bélier lundi soir contre une synagogue à Toulouse et les tags sur la synagogue de Lingolsheim, on a l’impression que le conflit Israélo-Hamas est en train de rejoindre l’Hexagone.
En tant qu’individu profondément attaché aux valeurs de la démocratie et de la liberté d’opinion, je n’ai rien contre ceux qui défilent et manifestent dans les rues en France pour plaider telle ou telle cause, même si c’est pour défendre les palestiniens. Et ce, même s’ils se trompent sur la situation géopolitique. Après tout, le droit à l’erreur et l’ignorance ne sont pas un crime…

En revanche, ce qui est totalement inacceptable, c’est la violence des propos tenus lors de ces manifestations. Des slogans antisémites et anti-Israéliens ont été clamés tout en brûlant le drapeau d’Israël ! Là, certaines limites ont vraiment été dépassées et il n’est pas digne de la République de laisser déferler une telle vague de violence et de haine dans nos rues.
Les débordements qui ont suivi ici et là en brûlant des voitures, en cassant et en pillant des magasins à proximité apparaissent presque comme secondaires...

Nous sommes en droit de nous poser la question : des actes de ce genre sont-ils spontanés ou bien ont-ils été prémédités ?
Existe-t-il en France des mouvements qui affichent ouvertement leurs opinions politiques radicales vis-à-vis d’Israël ? En commençant par qualifier Israël « d’entité sioniste », ce qui est un déni pur et simple de l’aspect étatique du pays. Ses citoyens se retrouvent ainsi réduits en tant que « militants sionistes ayant spolié la terre du pauvre peuple palestinien ». Allons-y, tous les moyens sont permis pour l’en chasser définitivement !

Malheureusement, des mouvements de la sorte existent bel et bien en France. Sont-ils majoritaires ? Je ne le pense pas. Mais la question aujourd’hui est en fait de savoir si l’Islam modéré de France va se désolidariser de cette frange et la marginaliser.
Quant à la République, elle ferait bien de s’interroger sur le droit à l’existence de ces types de mouvements ! Car ici, ce n’est pas « juste » de liberté d’expression dont il s’agit, mais plutôt de savoir si un groupement qui s’oppose aux valeurs universelles et fondamentales, peut profiter à sa guise de ce pays qui lui offre tant de droits, tout en rejetant ses devoirs et ses valeurs ?

L’importation du conflit, ce n’est pas défendre sa position. L’importation du conflit, c’est ne pas laisser l’autre défendre son point de vue en proférant des menaces et des propos violents.

Juifs de France et défenseurs de la République, ne reculez pas devant l’intégrisme. Car quand la République recule, ce sont nos valeurs qui agonisent.

Restez vivants et fiers de ce que vous représentez !

Bonne journée !