vendredi 5 décembre 2008

Entre rires et pleurs…


Chronique du jeudi 4 décembre 2008

Aujourd'hui j'aimerais vous raconter une histoire.

Il y a de cela environ 2000 ans, quatre Sages éminents de l'époque de la Michna étaient en train de marcher à Jérusalem, près du Temple en ruines. Quand soudain, ils aperçurent un renard sortant du Mont du Temple. Trois des Sages se mirent à pleurer, tandis que le quatrième, qui n'était autre que le grand Rabbi Akiva, se mit à rire. Les trois Sages furent très étonnés par cette joie et voulurent comprendre l'attitude de Rabbi Akiva.

Vous le savez bien, un juif répond toujours à une question par une autre question… aussi, Rabbi Akiva leur demanda : « Mais pourquoi pleurez-vous ? »

Ils lui répondirent : « A cause de la douleur et la tristesse de voir le Mont du Temple dans un tel état de destruction».

Rabbi Akiva leur dit: « Moi, c'est justement cela qui me fait rire, car si la prophétie de la destruction du Temple s'est accomplie, c'est donc la preuve que celle sur sa reconstruction va elle aussi se réaliser ».

Les trois Sages approuvèrent en chœur : « Akiva, tu nous as consolés ! »

Voici comment un même événement, très triste et vécu dans une immense douleur, peut être une raison de pleurer et en même temps, de rire et d'espérer…

Voyez ce que le peuple Juif endure et a enduré dans un passé proche ou lointain, depuis la destruction du Temple, les pogroms, les tortures et la Shoa ou aujourd'hui la mort atroce des victimes de Bombay dans des conditions effroyables.

D.ieu sait combien de torrents de larmes ont coulé depuis vendredi dans les foyers du peuple juif et dans le monde entier…

Et pourtant si Rabbi Akiva était là, il aurait certainement trouvé le moyen de nous faire aussi rire. Non pas d'un rire futile et léger, mais d'un rire plein d'espoir et de réconfort.

Car si la souffrance est grande et incompréhensible, c'est autant de raison de crier et de demander que cela cesse.

C'est un cri profond, sincère et entier. Un cri qui ne se calcule pas.

Un cri confiant et convaincu que si la peine et le mal ont trouvé une réalité dans ce monde, c'est bien la preuve que le réconfort et le bien s'y trouvent aussi.

De cette capacité à trouver l'espoir du cri, nous ferons jaillir la lumière de l'obscurité.

Mais cela dépend de nous tous et de notre capacité à nous mobiliser pour faire le bien autour de nous.

Alors, même les trois autres Sages, l'ensemble du peuple Juif ainsi que l'humanité toute entière se joindront à Rabbi Akiva dans un rire éternel.

Bonne journée !

lundi 1 décembre 2008

Se taire


Chronique de lundi 1 décembre 2008

C'est atroce, horrible, terrible… enfin, les adjectifs pour qualifier l'assassinat de Gaby et Rivki Holtsberg à Bombay ne manquent pas. Et pourtant, c'est inqualifiable.

En 2449 de la création du monde, le jour de Roch 'Hodech Nissan, le premier jour du mois, appelé mois de la délivrance, Nadav et Avihou, les deux enfants du Grand Prêtre Aaron sont entrés dans le Saint des Saints du Tabernacle, le Temple mobile qui suivait le peuple juif dans le désert.

Malheureusement, ils ont été foudroyés et sont morts sur place.

Moïse vient alors chez son frère Aaron pour le consoler, et il lui dit : « Sache que si tes deux enfants sont morts, c'est parce qu'ils sont les meilleurs d'entre nous, et D.ieu Se sanctifie avec les meilleurs ».

Aaron écoute son frère avec attention et la Torah nous dit : « Vayidom Aaron » et Aaron s'est tu. Il ne répondit pas, il n'était pas d'accord. Vraisemblablement, cela ne le consola pas.

3220 années après, le jour de Roch 'Hodech Kislev 5769, le premier jour du mois de Kislev également appelé le mois de la délivrance selon la tradition 'Hassidique... Ce jour là, deux fidèles prêtres et serviteurs qui ont consacré leurs vies au service du peuple juif, sont morts dans le Temple, dans le centre communautaire Loubavitch qu'ils ont construit par leurs efforts et leur détermination. Un Temple de bonnes actions et de rayonnement de la lumière de la Torah, de gentillesse et de partage, de bonté et de aix. Dans ce Saint des Saints d'amour du prochain, ces deux prêtres ont rendu leurs âmes.

En laissant derrière eux le petit Moïshele qui aura vécu son deuxième anniversaire orphelin…

D.ieu, pourquoi T'as laissé faire ça ?

Que dire ? Que faire ? Que penser ? Où est la justice ? Pourquoi le mal arrive-t-il aux gens bons ? Pourquoi eux ?

Autant de questions et d'interrogations que tout le monde se pose aujourd'hui...

Certains vous tenter de faire comme Moïse en donnant une quelconque explication ou consolation ; mais je préfère rester comme Aaron. « Et Aaron s'est tu »… rester avec la peine, rester avec la certitude qu'il n'y a pas d'explication humaine à cela.

Il n'y a pas de raison, il n'y a pas d'explication. C'est un vide.

Ce vide qui ne pourra être comblé par aucun acte, aucune action, aucune résolution, aucune vengeance.

Seule la venue de Machia'h et la résurrection des morts pourront essuyer l'océan de larmes qui a été versé par l'ensemble du peuple juif et au-delà. Car le ciel pleure aussi.

C'est aussi cela, croire en D.ieu…

Bonne journée.